Rwama, un portrait de l'Algérie en BD

Dans une bande dessinée puissante, Salim Zerrouki offre un témoignage sincère et juste sur l’Algérie des années 1980 en pleine métamorphose.

Par l'équipe Dargaud

Rwama

Table des matières

De part et d’autre de la Méditerranée, pour des raisons qui articulent différemment des considérations politiques, religieuses et mémorielles, l’histoire de l’Algérie est mal connue. Et sans doute que les dernières décennies du XXème siècle, qui ont douloureusement fait retomber les espoirs suscités par l’indépendance de 1962, sont encore les plus largement ignorées.

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Une histoire algérienne

C’est ce qui donne toute sa valeur au témoignage sincère et touchant que livre Salim Zerrouki dans Rwama.

Dans un récit au long cours parfaitement rythmé, il distille savoureusement des souvenirs qui tiennent tantôt de l’anecdote, tantôt de l’Histoire « avec sa grande hache ». Grâce à un dessin clair et expressif rehaussé de couleurs franches, il dépeint le quotidien parfois bien terne de la classe moyenne algéroise de son quartier.

Extrait de Rwama de Salim Zerrouki

Et si l’humour est omniprésent, c’est pour mieux dénoncer certains travers des pouvoirs d’hier qui résonnent à bien des égards avec ceux d’aujourd’hui…

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Mon enfance en Algérie

Rwama, c’est-à-dire « Français » en algérois. C’est ainsi qu’ont été surnommés, dès leur installation au milieu des années 1970, les habitants de l’immeuble blanc de la cité olympique flambant neuve créée par le président Boumediene pour symboliser la marche en avant de l’Algérie.

Extrait de Rwama de Salim Zerrouki

Ils étaient pourtant Cubains, Russes, Allemands de l’Est… ou Algériens, comme les parents du petit Salim qui passera là son enfance et son adolescence.

Et entre les histoires de voisinage, les pénuries d’eau et les raids des gamins de la cité d’à côté qui n’aiment pas les « Rwamas », la vie n’est pas de tout repos au quartier. D’autant qu’en arrière-fond, le climat politique se teinte de la montée d’un intégrisme religieux qui va bientôt faire basculer le pays.

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Interview de Salim Zerrouki

Salim a pris le temps de répondre à quelques questions pour expliquer comment est née sa bande dessinée.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ?

Salim Zerrouki : J’ai grandi dans une cité emblématique d’Alger, construite en 1975 pour accueillir les Jeux méditerranéens et symboliser la marche en avant de l’Algérie.

Or la majorité des jeunes qui y ont grandi avec moi – je suis resté en contact avec la plupart – ont aujourd’hui quitté l’Algérie. Il y a deux ans et demi, j’ai dessiné quatre planches là-dessus que j’ai postées sur les réseaux sociaux. Et j’ai eu de très nombreux retours me demandant d’en raconter plus, de développer… Et comme j’avais plein d’anecdotes, je me suis lancé.

Extrait de Rwama de Salim Zerrouki

Comment avez-vous travaillé ?

S.Z. : Au départ, c’était un one man show plein de vannes plus ou moins trash. Ensuite, le projet est devenu beaucoup plus ambitieux. Je voulais raconter l’histoire de l’Algérie, j’ai donc commencé par documenter mon travail pour ajouter tous les passages historiques et politiques. Chercher dans les archives, retrouver de vieux journaux, interviewer les voisins pour leurs souvenirs…

Extrait de Rwama de Salim Zerrouki

J’ai aussi essuyé quelques refus, les gens ont encore peur de parler. L’information n’est pas évidente à trouver en Algérie. Et puis j’ai traduit tout cela en dessin. Mon style simple, un peu ligne claire avec des couleurs en aplat, me permet de raconter ce que je veux. Mais deux choses me sont apparues : d’abord certaines blagues marchent à l’oral mais ne fonctionnent pas en dessin et surtout cela manquait un peu d’humanité ; il fallait incarner davantage des situations. Alors je me suis mis en scène, sans trop en dire sur moi, en essayant d’équilibrer l’intime, la vie quotidienne et la grande Histoire.

L’humour en tout cas n’a pas disparu. C’est une de vos marques de fabrique…

S.Z. : Oui, je suis comme ça. J’aime raconter les choses pour faire rire. J’ai grandi avec la bande dessinée algérienne dont l’essence était l’autodérision et l’humour, notamment Aïder Mahfoud, et le dessinateur de presse Dilem, mais aussi la bande dessinée franco-belge comme Franquin, Goscinny et Uderzo.

Extrait de Rwama de Salim Zerrouki

Dans votre album, l’humour côtoie des passages beaucoup plus sombres.  Et quand vous évoquez certaines atrocités, vous employez, grâce au dessin,  la métaphore animalière en mettant en scène des hyènes, des vautours,  des éléphants… Comment vous est venue cette idée ?

S.Z. :L’alternance que vous soulevez est celle de mon enfance : des moments de joie simple et de soleil et des scènes d’une grande violence. Je voulais que le livre soit rythmé comme cela.

Dès le début, j’ai eu l’idée de figurer ces atrocités sur fond noir. Je n’avais pas envie de dessiner du sang, des tortures. Non pas que cela me fasse peur, mais c’est éprouvant, ça me consume intérieurement…

Extrait de Rwama de Salim Zerrouki

Et puis j’ai repensé à une chose : en octobre 1988, alors que l’Algérie était à feu et à sang, la télé nous abreuvait de documentaires animaliers. Alors j’ai eu cette idée de traduire l’horreur par ces dessins qui font comme un voile pour évoquer avec force certaines choses insupportables.

Finalement, votre livre est un témoignage. Ce n’est pas si fréquent sur cette période de l’histoire algérienne.

D’un côté, il y a des gens qui racontent mais qui n’ont pas vécu ces années de l’intérieur. De l’autre, il y a le pouvoir militaire qui met en avant une histoire officielle parfois très éloignée de ce qui a vraiment eu lieu.

Les émeutes du  5 octobre 1988, par exemple, ne sont pas enseignées à l’école. Elles vont disparaître de l’histoire. Mais moi, je les ai vécues. C’était important pour moi de témoigner, de montrer que ce qui apparaît comme normal aujourd’hui n’était pas forcément une évidence hier.

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Lisez les premières pages

Retrouvez en librairie l'histoire de Salim Zerrouki dans Rwama, et en attendant, découvrez les premières pages :

 

Bonne lecture !

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